Quand raconter sa vie est trop lourd : savoir écouter aussi les silences

Stand Mémoire Vive avec micro, casque audio et vinyle pour la transmission de souvenirs sonores

Ce week-end, je participais à un petit marché de Noël dans une résidence senior, à Lanester.
J’y présentais Mémoire Vive, mes interviews de transmission, cette idée simple : recueillir la voix, les souvenirs, les histoires de vie, pour les écouter plus tard, les transmettre, les conserver.

J’étais heureuse d’être là.
Le personnel était chaleureux, les résidents curieux, les familles de passage.
Beaucoup de gens ont trouvé le principe “génial”, “touchant”, “important”.
Et puis, au fil des échanges, une autre réalité s’est invitée dans la conversation.

Beaucoup de résidents m’ont dit :
« Je n’ai pas envie de raconter ma vie. »
« Trop de mauvais souvenirs. »
« Ma vie n’a pas été facile. »

Ces mots-là, je ne pouvais pas les balayer d’un revers de main.


La mélancolie n’est pas un refus

Ce n’était pas un rejet de l’idée de transmission.
Ce n’était pas un manque d’envie de parler.
C’était autre chose.

Une fatigue.
Un poids.
Parfois une pudeur immense.

Pour certaines personnes âgées, raconter toute une vie est vertigineux.
Il y a les deuils. Les renoncements. Les absences.
Les moments heureux aussi, bien sûr, mais parfois enfouis sous des couches de chagrin ou de silence.

Et puis il y a cette idée, très ancrée chez beaucoup :
« Mon histoire n’intéresse personne. »


Raconter, ce n’est pas forcément tout raconter

Ce que cette journée m’a rappelé, c’est qu’on n’est pas obligé de dérouler toute une biographie pour transmettre quelque chose.

On peut choisir un fragment.
Un souvenir précis, une lumière dans tout ça.

Par exemple :

  • un souvenir heureux d’enfance,
  • une anecdote avec un frère, une sœur, un ami,
  • une première maison,
  • un métier exercé toute une vie,
  • une rencontre qui a tout changé,
  • une chanson devenue un symbole,
  • un conseil à laisser à ses petits-enfants.

Ce n’est plus “racontez toute votre vie”,
mais plutôt :

“Choisissez ce que vous avez envie de laisser.”

Un fragment peut suffire.
Un éclat de mémoire, c’est déjà beaucoup.
Il n’est pas toujours nécessaire de rouvrir toutes les portes du passé pour laisser une trace.


Et si raconter faisait remonter trop d’émotions ?

Raconter un souvenir, même ancien, peut faire ressurgir des émotions très fortes.
De la tristesse, bien sûr, mais aussi de la joie, de la nostalgie, parfois des larmes inattendues.

C’est une crainte que plusieurs personnes m’ont confiée :
« Et si je me mets à pleurer ? »
« Et si je n’arrive pas à aller au bout ? »

Dans ces moments-là, il n’y a rien à réussir, rien à contrôler.
Les émotions ont toute leur place. Elles ne sont ni excessives, ni gênantes, ni déplacées.

Mon rôle n’est pas de pousser à parler, ni d’aller chercher ce qui fait mal.
Mon rôle est de créer un cadre rassurant, bienveillant, où chacun avance à son rythme.
On peut s’arrêter. Faire une pause. Changer de sujet. Revenir plus tard. Ou ne pas revenir du tout.

Parfois, mettre des mots fait du bien.
Parfois, c’est simplement trop tôt.
Et les deux options sont parfaitement légitimes.


Le droit de ne pas parler

Et puis, il y a quelque chose d’essentiel que l’on oublie parfois :
le silence aussi mérite le respect.

Ne pas vouloir raconter sa vie n’est pas un échec.
Ce n’est pas un refus de transmettre.
C’est parfois une façon de se protéger.

Dans mon métier, écouter, c’est aussi accepter que certains récits ne soient pas prêts.
Ou ne viennent jamais.


Une transmission à géométrie humaine

Ces échanges m’ont confortée dans une conviction :
la transmission doit s’adapter aux personnes, et non l’inverse.

Il n’y a pas une bonne manière de raconter.
Il n’y a pas de quantité idéale de souvenirs.
Il n’y a pas d’obligation à livrer ce qui fait mal.

Il y a simplement :

  • une rencontre,
  • un temps donné,
  • une écoute sincère,
  • et parfois, un souvenir qui trouve son chemin.

Écouter, vraiment

Ce marché de Noël n’a pas seulement été un moment pour “présenter mes prestations”.
Ça a été un temps pour écouter ce que les personnes âgées ressentent à l’idée de se raconter :
la nostalgie, la fatigue, la pudeur, mais aussi l’envie, parfois, quand on laisse la porte entrouverte sans forcer.

Mémoire Vive, pour moi, ce n’est pas seulement enregistrer des mots.
C’est accueillir ce qui vient.
Parfois une histoire.
Parfois une émotion.
Parfois un silence.

Parce que la voix est précieuse.
Mais le respect l’est encore plus.


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